Michaël Cailloux et sa Luxuriante Nature

« Luxuriante Nature », tel est le nom de la première monographie consacrée à l’artiste Michaël Cailloux. Un beau livre de 160 pages qui met à l’honneur le faste de la nature dans un merveilleux cabinet de curiosité sur papier. Les éditions Delachaux et Niestlé, avec l’appui pertinent de Julia Hountou, docteure en histoire de l’art et commissaire d’expositions, et Nicolas Le Brun, agent de l’artiste, consacrent ainsi l’art de Michaël Cailloux. Un savant mélange entre techniques innovantes et passion pour le patrimoine et l’Art Nouveau. Insectes, oiseaux, fauves, natures mortes, vanités et autres ex-voto ; entre les riches iconographies, l’ouvrage invite les collaborateurs de l’artiste à raconter son art. Précises gravures à l’eau-forte, étonnants « bijoux muraux », riches illustrations : tous ont fait appel à un style unique, celui de Michaël Cailloux.

Visuel.de couverture : Détails de « Pluie d’or », un sculpture en cuivre et or 1μ
2017. Découpe, Gravure et Ciselage. L 17 x H 15,5 cm. Certificat d’Authenticité : 1/1
© Michaël Cailloux

« À l’heure où expression poétique et virtuosité technique ont, semble-t- il, perdu de leur portée, Michaël Cailloux imagine un univers luxuriant plein de sensibilité, empreint d’un raffinement extrême et non dénué d’humour. Ses songeries féeriques, magnifiées par un jeu formel et chromatique, reflètent la richesse de son imaginaire, tandis que ses mises en scène ludiques et sophistiquées nous convient à élaborer nos propres narrations en jouant avec ses histoires. » 

Julia Hountou, docteure en histoire de l’art et commissaire d’expositions

Luxuriante Nature en librairie le 28 octobre 2022
24 x 31 cm – 160 pages – 39,90 € – ISBN:978-2-603-02964-0
Version luxe sous coffret, accompagnée d’une digigraphie,
numérotée et signée (300 exemplaires) – 130 € – ISBN : 978-2-603-02986-2

À gauche : la couverture de Luxuriante Nature, la monographie consacrée à Michaël Cailloux / À droite la digigraphie, numérotée et signée qui accompagne l’ouvrage dans la version luxe.
© Michaël Cailloux & Delachaux et Niestlé
Absente de la couverture, le lecteur l’aperçoit dès la double page du sommaire… La mouche. Ce nuisible pour beaucoup gagne avec vous le statut de symbole. Les premières lignes de la monographie lui sont consacrées. Insecte traversant les tableaux, de la légende de Giotto, à vos travaux. Michaël Cailloux, quelle mouche vous a piqué ?

Si la mouche est ma signature c’est que je m’intéresse à elle depuis longtemps. Très jeune, je me suis passionné pour la nature, avec une fascination particulière pour les insectes. Lors de mon diplôme supérieur d’art appliqué à Duperré, mon mémoire avait pour sujet le grain de beauté. Cette fameuse « mouche » du XVIIIe siècle. Lors de mes recherches, j’ai découvert que la mouche, l’insecte, était très présente dans les natures mortes flamandes du XVIIe siècle. J’ai aussitôt aimé l’idée des mouches peintes pour faire fuir des toiles les véritables insectes. Au-delà, la mouche insufflait également un sens de vie et de mort aux oeuvres.

Néanmoins, entre mon travail artistique actuel, signé par une mouche, et ma fascination remontant à l’enfance, plusieurs années se sont écoulées. Une fois mon diplôme en poche, nous avons, avec deux camarades de classe, très vite créé l’Atelier LZC, une entreprise spécialisée dans la décoration et le design. Pendant toute cette période, j’avais mis de côté cette histoire de mouche. Jusqu’au jour où j’ai eu l’envie de plus d’art ! J’ai alors quitté l’Atelier LZC pour une nouvelle aventure artistique. Tout ne s’est pas fait en un jour, mais c’est ainsi que la mouche est devenue ma signature.

Un peu plus loin dans le livre, une anecdote est racontéE, celle-ci souligne la liberté créative  que votre mère vous laissait enfant. Vous alliez jusqu’à dessiner sur les murs ou même des draps. J’ai alors deux questions : que dessinait le jeune Michaël Cailloux ? Quel est le plus vieux dessin dont vous vous souvenez ?

Le dessin était déjà très présent dans mon quotidien, très spontané. Au lieu de sortir jouer avec les autres enfants, je préférais dessiner. J’avais toujours avec moi des feutres et des feuilles. Lorsqu’il m’arrivait d’être malade, ma mère me laissait en garde chez mes grands-parents. Je me souviens ressentir chez-eux un autre temps, les minutes étaient presque distendues. J’y passais mes journées à dessiner.

Évidemment, de nombreux petits gribouillages, mais je me souviens d’une fois en particulier. J’avais un beau livre illustré d’Alice au Pays des Merveilles, et pour m’occuper j’avais pris soin de découper les illustrations. Ces mêmes illustrations, je les avais ensuite collées sur une couette afin de compléter les scènes de mes dessins, à même le tissu. Dessinant tout le temps, je ne me souviens pas d’un dessin en particulier, mais je sais une chose, déjà je ne dessinais jamais trop l’humain.

Comme aujourd’hui, où l’on retrouve peu de corps humain dans vos oeuvres, hormis ceux de vos ex-voto, dont quelques pièces de vos collections sont présentées dans la monographie.

L’humain, je préfère le représenter par des fragments. Je ne l’utilise pas intégralement, simplement car je n’aime pas vraiment le dessiner. Il peut m’arriver de le faire, d’ailleurs, étudiant, je n’avais pas le choix. Mais, je n’ai pas trouvé mon expression autour du corps humain. Sauf avec ce travail que je réalise avec mes ex-voto.

Le corps humain apparait dans mon travail à la suite d’un cheminement très personnel que j’ai entrepris au décès de ma mère. Faire ces sortes d’ex-voto c’était comme faire des prières. Par ces créations je désirais reconstituer comme un corps complet, et non seulement l’enveloppe. J’ai donc commencé à analyser ce qui était à l’intérieur. C’est alors que je me suis aperçu qu’il y avait de nombreuses similitudes avec des éléments de la nature disons « extérieure ». Finalement, ce ne sont que des éléments cellulaires et organiques également. Certains organes s’apparentent ainsi étrangement à des fleurs. Dans mes ex-voto, je me suis attaché à mélanger des fragments de corps avec d’autre élément de la nature. Avec leur mysticisme, cela m’a permis de représenter de manière détourner l’humain, de ne pas entrer en confrontation directe avec la représentation exacte d’un corps.

Encrage pour impression de la gravure à l’eau forte « Origine » 2015 impression sur Papier Arches L 28 x H 40 cm Certificat d’authenticité : 1/3 © Michaël Cailloux
Reprenons un peu votre parcours, nous avons évoqué les dessinS du jeune Michaël Cailloux, vos études, et vos débutS avec l’Atelier LZC. Mais ensuite, comment avez-vous trouvé votre voie artistique ?

Avec l’Atelier LZC, j’avais beau réaliser des créations originales, le champ du design reste finalement assez « industrialisé ». À un moment, j’ai souhaité revenir à la création plastique artistique. J’aime le design, mais avec lui le créateur doit prendre en compte d’importantes dimensions commerciales, et faire des concessions. J’ai fait ça pendant douze ans, avant d’avoir l’envie de retourner à une pratique plus manuelle. J’ai alors profité que l’on me propose un poste de directeur d’école à temps partiel pour me reformer à la gravure. Lors de mes études, j’avais déjà fait un peu de gravure, cela me plaisait. Mais parfois, la vie nous oriente mal, et on se retrouve dans une autre voie.

Jeune, je me suis très vite dirigé vers l’art. Dès l’âge de seize ans, mon parcours scolaire était lié au dessin. Je me suis initié à toutes les techniques d’art, notamment la gravure, sans aller plus loin. La gravure m’est revenue naturellement, je cherchais un support artistique emprunté d’un savoir-faire ancien. J’ai donc pris des cours du soir. En parallèle, je devais trouver un nouveau champ d’expression artistique, pour me détacher de mes travaux réalisés avec l’Atelier LZC. J’ai fait de nombreuses recherches. Puis, c’est tout simplement au détour d’une visite, dans la salle permanente des bijoux du Musée des Arts Décoratifs, que j’ai eu ma révélation en voyant les peignes Lalique. Voilà ! Je savais ce que je voulais faire.

J’avais mon inspiration, ma formation de gravure, et je maîtrisais déjà un peu la découpe du métal. Je me suis inscrit à un autre cours, cette fois-ci pour découper du métal afin de perfectionner ma pratique. Tout ça pour en arriver à un constat : la découpe du métal existe, la gravure à l’eau-forte aussi, mais pas la fusion des deux. Voilà mon but. Et à force de recherches et d’essais, j’ai trouvé ma patte actuelle. Dans le livre, on retrouve d’ailleurs quelques-unes de mes premières pièces. Il m’a fallu encore quatre années avant de commencer à communiquer sur mes travaux artistiques. 

« J’ai découvert le travail de Michaël Cailloux en 2012 via son professeur de gravure, Francis Capdebosco, et j’avoue avoir eu un coup de cœur immédiat. Je suis d’ailleurs la première à avoir présenté son travail en 2013 dans le cadre de l’exposition collective Au temps des vendanges, à Chinon. C’est un univers total empreint d’une sensibilité à l’art […] il a cette capacité créatrice à réinventer la nature, à s’inspirer de ce qui est éternel mais que l’humain met à mal et qu’il nous donne à redécouvrir avec des yeux d’enfant » 

Nathalie Béreau, Directrice de la Galerie Nathalie Béreau
Un an plus tard, vous rencontrez Nathalie Béreau, la galeriste qui a présenté pour la première fois vos oeuvres dans une exposition collective. Cela a-t-il changé quelque chose dans votre travail ?

Évoluer pendant plusieurs années dans le design m’a fait vivre dans un milieu proche des galeries, mais pourtant différent. Quand je me suis lancé, je n’avais pas le réseau nécessaire, alors j’ai fait en sorte de mettre mon travail en valeur. J’ai eu la chance de très vite avoir des parutions dans plusieurs médias. Fort de ces retours, j’ai pu me présenter à des galeries que je ne connaissais pas. C’est ainsi que Nathalie Béreau a découvert mon travail. Elle m’a proposé une première exposition collective, comme artiste sous le nom Michaël Cailloux, avec mes créations, et ma technique personnelle de gravure à l’eau-forte et découpe du métal. Après cette première exposition, c’est allé assez vite si l’on met en perspective avec les années passées à mettre au point ma technique. 

Métamorphose, Gravure à l'eau forte & Dessin de Michaël Cailloux
Renaissance | Origine. Gravure à l’eau forte & Dessin – 2015-2020 Papier Hahnemühle blanc Cadre aluminium, cache blanc et filet jaune néon L40 X H50 cm Certificat d’authenticité : 1/1 © Michaël Cailloux
Autre rencontre, celle avec Kunie Masaki, fondatrice et directrice de la galerie Irène, à Tokyo. Avec elle, vous avez fait votre première exposition personnelle au Japon, autour d’un thème, le Cadavre Exquis. Vos essais enfant avec les images d’Alice au Pays de Merveilles n’étaient-ils pas prémonitoires ? 

J’avais déjà fait des expositions au Japon pour d’anciens projets non personnels. Ce fut une chance d’y retourner sous mon propre nom, avec mes collections. La rencontre avec Kunie Masaki est plutôt simple. Elle était à Paris, à la recherche d’artistes à exposer, et elle est tombée sur mon travail dans une petite galerie du 4ème arrondissement. Elle a voulu venir me voir dans mon atelier et, très vite, elle a organisé l’exposition à Tokyo.

Pour Alice au Pays des Merveilles, la thématique est surréaliste, tout comme les cadavres exquis. Lorsque j’ai proposé ce thème à Kunie Masaki, c’était juste après les attentats de 2015, nous avions besoin de légèreté. Le projet était une sculpture constituée de six pièces modulables, pour avoir un jeu entre les parties du corps et la nature. Je voulais produire une chose ludique, spirituelle et surréaliste. Autre intérêt à cette exposition, les japonais ne connaissent pas bien l’exercice des cadavres exquis. Je voulais avoir plusieurs portes d’entrée à cette création.

Est-ce cela que vous appelez bijoux muraux ? 

Bijoux muraux est le nom que je donne à mes oeuvres qui mêlent gravure à l’eau-forte et découpe du métal. Les gravures à l’eau-forte sont généralement faites sur des plaques de cuivre plates. Ces mêmes plaques servent de cuvette à l’impression. Suite à l’impression d’un nombre d’exemplaires précis, les graveurs rayent traditionnellement les plaques afin de les rendre inutilisables. Avec une expertise d’orfèvrerie de découpe du métal, j’ai préféré, plutôt que de détruire la plaque, la rendre inutilisable en la mettant en volume. Par un travail de ciselage, de repoussage, de coloration, de recouvrement à la feuille d’or, je transforme ce déchet de l’art en sculpture murale. Puis, comme un hommage à mon inspiration héritée de René Lalique, qui avait reçu en son temps des critiques pour ces peignes qualifiés de trop théâtraux, j’ai nommé mes créations : « bijoux muraux ».

J’aime aussi penser qu’avec mes bijoux muraux on caresse l’idée d’une mouche parasite, qui viendrait se poser là où elle ne doit pas être. Je trouve amusant de mettre un bijou sur un mur plutôt que sur un corps. Il faut savoir qu’initialement, mes bijoux muraux n’étaient pas nécessairement faits pour être montrés. Je les ai créés pendant mes recherches, je voulais avoir un résultat qui me plait, sans but commercial. Je faisais mes propres créations, pour moi. C’est Nicolas Le Brun, mon agent, qui a aussi fait l’éditorial de la monographie, qui m’a poussé à montrer mes bijoux muraux.

« C’est un ami céramiste qui m’a fait découvrir le travail de Michaël Cailloux. Ce que j’aime, c’est qu’au-delà de son interprétation de la faune et de la flore, il y a de la fantasmagorie et de la poésie dans son univers. »

Martin Pietri, Président de la Manufacture des Émaux de Longwy 1798
Martin Pietri de Longwy, Frédéric Bernardaud de LA MAISON ÉPONYME, et bien d’autres dans la monographie, tous ont des mots pour vous dans l’ouvrage. Comment, les collaborations agissent sur votre processus créatif ?

J’ai la chance de travailler essentiellement en carte blanche. La difficulté est donc de mettre en avant mon univers, en l’adaptant aux différents supports. Par exemple, la porcelaine est très difficile à travailler, surtout avec Bernardaud, où nous sommes sur un art de la table d’exception. L’objet doit être beau et fonctionnel, quand de mon côté je travaille plutôt des choses décoratives non usuelles. Cela demande donc beaucoup de travail en amont. Pour Bernardaud nous avons mis un an à trouver le bon résultat. Rien que sur les couleurs, j’utilise habituellement des ors et des nuances qui n’existent pas chez eux. Faire une collaboration comme celle-ci demande de s’adapter. Mes dessins son fins, je travaille avec du 0,03 et du 1 mm, pour la porcelaine, je devais grossir un peu mon trait, et penser à la composition harmonieuse d’une assiette.

Pour les Longwy, c’est encore d’autres problématiques. Je devais dessiner directement sur la forme finale. La manufacture a un précieux savoir-faire et un respect des traditions qui fait que l’on ne leur propose pas un simple dessin numérisé. L’artiste travaille sur une version maquette, puis les membres des ateliers Longwy reproduisent des cadres de sérigraphie à-même la forme avant de poser les émaux à la main. Chaque collaboration est un riche enseignement grâce aux contraintes techniques.

Parlons couleur. Comment faites-vous le choix de ces dernières pour vos différentes collections ? 

Pour les collaborations, il peut y avoir un brief. Pour Shiseido, je devais créer un jardin des splendeurs. Avec des boutons de fleurs, dans la naissance de la couleur, jusqu’à l’éclosion et ses couleurs éclatantes. À moi de proposer des couleurs en fonction des mots. Pour mes travaux personnels, les couleurs viennent des thématiques que je m’impose. Cependant, je ne me donne jamais de limite ou d’impératif. Je commence toujours par un dessin, puis plusieurs dessins que j’associe ensemble. La couleur arrive ensuite, suivant l’envie du moment. Je ne suis pas de tendance. Après je suis forcément inspiré par ce que je vois. Mais je ne m’impose rien, je reste spontané.

Collaboration Shiseido et Michaël Cailloux
Michaël Cailloux signe la Collection « Le jardin des splendeurs » pour la gamme Clé de Peau Beauté de la marque japonaise Shiseido © Michaël Cailloux
Par deux fois vous avez parlé de spontanéité. À l’opposé, comment faire la sélection des oeuvres à figer dans une première monographie ?

La sélection a été faite avec Nicolas Le Brun, qui a une vision plus extérieure sur mon travail. J’aime aussi beaucoup les réseaux sociaux, j’ai ainsi simplement sélectionné certains de mes visuels les plus aimés. Je trouve que c’était une bonne façon de faire un premier choix. À cela, nous avons ajouté des choses plus personnelles.

La majorité des oeuvres présentées sont de mes propres collections, à part les partenariats. La particularité tient aussi au fait que j’avais la chance de montrer des gravures. C’est plutôt rare dans les livres d’art de mettre en avant des gravures contemporaines. Ma technique est un peu particulière, alors que les galerie purement dans la gravure mettent plus facilement en avant des gens incroyablement connus ou anciens, pour ne pas dire morts. J’était très heureux de mettre de nombreuses gravures en avant. Ce livre représente également mes dix années de collaboration avec Nicolas Le Brun. 

Dans votre ouvrage, certains animaux semblent extrêmement réalistes, lorsque d’autres, moins nombreux, semblent volontairement plus mignons qu’au naturel. Pourquoi ?

Cela dépend du message que je souhaite faire passer. Certains dessins dans la monographie sont issus de travaux que j’ai faits pour des livres destinés aux enfants, sortis aux Éditions Thierry Magnier. Parfois, je simplifie les traits des animaux pour les rendre plus accessibles à la cible. Quand j’ai travaillé pour Shiseido, marque japonaise, j’ai pris en compte une dimension kawaï, les yeux de mes animaux devaient être bien ronds. Lorsque mes travaux touchent au produit je dois, malgré ma carte blanche, évidemment prendre en compte la cible. Il y a aussi l’exemple d’une affiche que j’ai faite pour le Ministère de la Culture, au sujet de le biodiversité. J’ai dessiné une chauve-souris, un animal très important dans l’écosystème, mais je devais, pour l’affiche, rendre l’animal plus sympathique que lorsqu’on l’aperçoit dans la nature. 

À gauche : Les animaux du jardin* / Au centre l’affiche officielle de l’événement «Rendez-vous aux jardins» pour le Ministère de la culture. / À droite les fleurs du jardin* © Michaël Cailloux
* utilisés dans l’affiche

Dans mon travail personnel, celui que l’on retrouve dans mes collections, je dessine de manière réaliste. Je me souviens, il y a vingt ans, quand je présentais mes planches d’insectes, les gens avaient un certain recul stupéfait. Ce n’était pas courant dans le monde du design, ou même dans la création. J’aime travailler des thématiques qui ne sont pas forcément très esthétiques, et aller avec vers un esthétisme extrême. C’est aussi cela qui m’intéresse dans la mouche, c’est un insecte vue comme dégoutant, moi je trouve interessant de le transformer en bijou.

Aujourd’hui, les insectes sont un peu mieux regardés, presque plus séduisants. Et encore, je ne parle pas des araignées car, avec elles, on touche un univers plus sombre. J’ai fait une thématique autour des araignées pour des bijoux muraux, je les ai travaillées à la manière d’un orfèvre, je devais les rendre le plus esthétiques possible, voir presque les camoufler. Je végétalisais mes araignées, de telle sorte que les gens n’en étaient plus effrayés, voire ne les remarquaient même plus comme araignées. 

Métamorphose, Sculpture de Michaël Cailloux
Métamorphose, Sculpture, Cuivre & Or 1μ – 2017. Découpe, Gravure et Ciselage. 12,5 x 23,5 cm. Certificat d’Authenticité : 1/1 © Michaël Cailloux
LA Première oeuvre marquante ?

L’ogre de Goya (ndlr : Saturne dévorant un de ses fils, de Francisco de Goya, peinture mythologique murale transférée sur toile, réalisée entre 1819 et 1823. L’oeuvre se trouve au Musée du Prado, à Madrid).

La dernière ? 

Ma redécouverte de l’oeuvre de Miró au Musée Peggy Guggenheim de Venise. Étudiant, j’adorais Miró, mais là-bas, son travail m’a ressauté au visage, repris au coeur.  

D’autres artistes ? 

Magritte, j’adore ses oeuvres. Les voir à Bruxelles était un formidable moment. Je crois que j’aime surtout quand plusieurs travaux d’un artiste sont mis ensemble. Cela permet aux visiteurs de revivre un peu l’histoire de l’artiste. Dans un autre registre, il y a la claque que j’ai prise devant les oeuvres hyperréalistes de Ron Mueck et ses sculptures démesurées, ses énormes personnages impressionnants.

Un lieu où vous rêveriez d’exposer ? 

Le Musée de la Chasse, que j’aime énormément malgré son nom un peu trompeur. Ce lieu retrace simplement l’histoire de la nature, et disons-le, je suis à l’opposé des chasseurs. L’approche de l’art contemporain proposée par le Musée de la Chasse est sincère. J’adore le mélange qu’ils font entre le patrimoine et l’artiste qui intervient entre les murs. Je trouve formidable de laisser les artistes s’approprier l’espace. Je me souvient d’une incroyable exposition de Françoise Pétrovitch. 

Un lieu pour travailler ?

Je réalise toujours beaucoup de dessins, c’est après tout la base de mon métier. Mais dessiner au coin d’une table, cela ne m’arrive plus. J’ai besoin d’un cadre calme. Dans ma carrière, j’ai déjà dû dessiner devant des gens, faire des démonstrations pendant des expositions, mais je ne suis pas amateur de l’exercice. Je dessine de manière personnelle, dans mon bureau, sauf pendant mes congés. J’en profite pour explorer de nouvelles choses. C’est pour cela que je pars toujours avec des carnets. Dans ces moments, je peux me poser à l’improviste pour dessiner. À Venise, je me souviens dessiner les lions ailés de la ville, et bien que quelques personnes s’arrêtaient pour jeter un oeil, je sentais les regards, même furtifs, et ça ne me dérangeait pas… Mais je suis bien mieux dans mon bureau.

Détails d'"Un autre monde", dessins réalisés lors de voyages au Japon, en Italie et au Portugal © Michaël Cailloux
Détails d' »Un autre monde », dessins réalisés lors de voyages au Japon, en Italie et au Portugal © Michaël Cailloux
Expositions personnelles

2022

  • Merveilleuses Rêveries – Carte blanche à Michaël Cailloux, musée Jean-Jacques Rousseau, Montmorency (France)

2021

  • Luxuriance, galerie du Crochetan, Monthey (Suisse), commissaire de l’exposition : Julia Hountou

2019

  • Vents nouveaux, galerie Irène, Tokyo (Japon)

2018

  • Cadavre exquis, galerie Irène, Tokyo (Japon)

2017

  • Merveilleuse Nature, galerie Les Originaux, Paris 6ème (France)

2016

  • A l’ombre de la tour Eiffel…, galerie Nathalie Béreau. Paris 16ème (France)
  • Paris by Night, galerie Iki, Paris 6ème (France)
Expositions collectives

2022

  • Paris Print Fair, galerie Nathalie Béreau, Paris 6ème (France)

2021

  • Luxuriance, galerie du Crochetan, commissaire de l’exposition : Julia Hountou, Monthey (Suisse)
  • Les Spécimens en liberté, dialogue Julie Yülle & Michaël Cailloux, Paris 11ème (France)
  • Éden ou le jardin retrouvé ?, galerie Nathalie Béreau, Paris 3ème (France)

2020

  • Herbarium Vagans, Association des musées du val d’Ossola, Domodossola (Italie)
  • Un voyage parisien, galerie Nathalie Béreau, Paris 3ème (France)
  • Spécimens, dialogue Julie Yülle & Michaël Cailloux, galerie Joseph, Paris 12ème (France)
  • Cov’artist, Drouot Digital, vente aux enchères au bénéfice de la Fondation des Hopitaux (France)

2019

  • Parallèles, galerie Nathalie Béreau. Paris 10ème (France)
  • Le Papier peint au fil des saisons, Musée du papier peint, Rixheim (France)
  • Poudres et traits, parcours des galeries parisiennes de l’estampe et du dessin, galerie Nathalie Béreau, Paris 6ème (France)

2018

  • Vanités, galerie Nathalie Bereau. Paris 16ème (France)
  • Motifs All Over, galerie Via & NellyRodi, Paris 11ème (France)

2017

  • Cowparade, dialogue Michael Cailloux & Emmanuelle Bercot, ventes aux enchères à l’hôtel Drouot au bénéfice de l’association Rêve de Cinéma, Deauville (France)
  • Constellation. The Invisible Collection. Londres (Royaume-Uni)
  • Esprit de Paris, lauréat du concours des Ateliers de Paris, Paris 12ème (France)
  • Uchiwa, vente aux enchères au bénéfice de l’association Bloom, galerie Walking Art, Paris 16ème (France)

2016

  • Invitation à l’espace « gravures contemporaines », Salon d’Automne, Paris 8ème (France)
  • Corps accords, galerie Christian Collin. Paris 2ème (France)
  • House of Games, agence Nellykodi, pour Maison & Objet, Paris (France)
  • Paris by Night, galerie Iki, Paris 4ème (France)

2015

  • Prix Gravix finaliste du prix Gravix, galerie Michèle Broutta, Paris 15ème (France)
  • Hybridation, galerie Nathalie Béreau. Paris 16ème (France)
  • Vert infini, Les Ateliers de Paris. Paris 12ème (France)
  • Gravure, n.f., galerie Nathalie Béreau, Chinon (France)
  • Gravures, etc., galerie Nathalie Béreau, Paris 16ème (France)

2014

  • Au temps des vendanges, galerie Nathalie Béreau. Chinon (France)
  • Nature précieuse, Arteum pour 107 Rivoli, boutique du musée des Arts décoratifs, Paris 1er (France)
Collaborations :
  • Bernardaud : Porcelaine de Limoges, service de table Féerié
  • Dior : Jeu de cartes et papeterie d’art, collection Dior Maison
  • Evian Resort : Fêtes de fin d’année d’après L’Oiseau de feu d’Igor Stravinski
  • Shiseïdo : Collection de cosmétiques Le jardin des splendeurs pour « Clé de Peau Beauté »
  • Lenôtre : Fêtes de fin d’année, L’Odyssée gourmande
  • Ministere de la culture : Affiche Les Rendez-vous aux jardins
  • Manufacture des émaux de Longwv 1798 : Collection Lemon Insect et vase Pince-moi
  • Lucas Carton : Décor, galerie de la Madeleine, Paris 8°
  • Fête de la librairie : Affiche Un livre, une rose
  • Prix Wepler – Fondation La Post : Affiche du prix littéraire Wepler
Bibliographie
  • Luxuriante Nature – Éditions Delachaux & Niestle – 2022
  • Talismans, Éditions Thierry Magnier – 2019
  • Merveilleuses Couleurs, Éditions Thierry Magnier – 2018
  • Merveilleuse Nature, Éditions Thierry Magnier – 2017